Delescluze

Charles Delescluze

Louis Charles Delescluze, né le 2 octobre 1809 à Dreux,

Après avoir étudié le droit à Paris, il devient clerc d’avoué puis journaliste, mais manifeste très tôt un fort penchant pour les idées démocratiques, et joua un rôle éminent dans la révolution de juillet en 1830. Membre de plusieurs sociétés républicaines, discrètes sinon secrètes, Delescluze est poursuivi pour complot républicain et forcé, en 1836, de se réfugier en Belgique, où il aide ses confrères journalistes républicains.

De retour en France en 1840, il s’établit à Valenciennes où il dirige L’Impartial du Nord, dont les articles très démocratiques lui valent un procès, 2 500 francs d’amende et un mois de prison.

Après la révolution de février 1848, il proclame la République à Valenciennes : en retour, le gouvernement provisoire le nomme commissaire de la République pour le département du Nord. Il est battu aux élections à la Constituante en avril 1848 et s’installe à Paris, où il lance le journal La Révolution démocratique et sociale et l’association Solidarité républicaine, qui regroupe radicaux et socialistes. En mars 1849, il est condamné à 3 000 francs d’amende et un an de prison pour les articles qui dénoncent le général Cavaignac, responsable des massacres de juin 1848. En avril 1850, il est condamné à 11 000 francs d’amende et trois ans de prison et s’enfuit en Angleterre, où il continue son travail de journaliste. Rentré clandestinement à Paris en 1853, il est arrêté, condamné à quatre ans de prison et dix ans d’interdiction de séjour. Il sera emprisonné successivement à Sainte-Pélagie, Belle-Île, Corte, puis Cayenne.

Il restera en Guyane jusqu’au mois de novembre 1860, date à laquelle il apprend la nouvelle de « l’amnistie générale et sans conditions des déportés politiques », signée le 16 août 1859.

Revenu en France, très affaibli physiquement mais toujours aussi combattif, il s’attelle aussitôt à une nouvelle entreprise : la publication d’un journal radical, Le Réveil, qui affirme les principes de l’ Association internationale des travailleurs. Le Réveil, un des principaux journaux d’opposition au Second Empire est suspendu en août 1870, après de multiples poursuites, mais reparaît le 7 septembre. Ce journal, lui vaudra trois condamnations, et une nouvelle fois, au début de la guerre franco-allemande de 1870 qu’il a dénoncée, il doit se réfugier en Belgique. Revenu en France dès le 8 septembre 1870, après la proclamation de la République, il relance son journal.

Élu le 5 novembre 1870 maire du XIXe arrondissement, il démissionnera le 6 janvier 1871, appelant à « la lutte armée contre les capitulards » (c’est-à-dire le gouvernement de la Défense nationale). Son journal est suspendu en janvier après l’échec de l’insurrection contre le gouvernement. Le 8 février 1871, il est élu par un vote massif à l’Assemblée nationale, où il demande la mise en accusation des membres du gouvernement de la Défense nationale. Le 26 mars, élu membre du Conseil de la Commune par le XIe et le XIXe arrondissements, il donne sa démission de député. Il est membre de la commission des Relations extérieures, de la Commission exécutive (4 avril), et à celle de la Guerre. Il est membre du Comité de Salut public (9 mai) et délégué civil à la Guerre (11 mai). Lors de l’entrée des Versaillais dans Paris, il en appelle le 24 mai à une guerre des quartiers : « Place au peuple, aux combattants aux bras nus ! ». Le lendemain, 25 mai, désespéré, il ne fera rien pour éviter la mort sur une barricade au Château-d’Eau, ne voulant en aucun cas « servir de victime ou de jouet à la réaction victorieuse ». Considéré comme en fuite bien que mort, il sera condamné à mort par contumace en 1874.