Angelus novus, Paul Klee (1920)

« Capter une image du passé telle qu’elle se présente (…) à l’instant même d’un danger suprême. (…)
Danger de l’embaucher au service de l’oppression. (…)
Pénétré qu’un ennemi victorieux ne va même pas s’arrêter devant les morts – seul cet historien-là saura attirer au coeur même des évènements révolus l’étincelle d’un espoir.

En attendant et à l’heure qu’il est, l’ennemi n’a pas encore fini de triompher.»

— Walter Benjamin, 1940.

Souvenirs de l’année terrible (1870-1871)

Après 1789, 1830 et 1848, la Commune de Paris est la dernière Révolution que la France ait connue.

Paris, 1871. Malgré la défaite de Napoléon III contre les Prussiens, les Parisien·nes ne veulent pas se rendre et réclament la République Sociale. L’Assemblée Nationale, installée à Versailles, capitule et envoie l’armée récupérer les canons qui défendent Paris assiégé.

Le 18 mars 1871 au matin, alors que les officiers appellent à tirer sur la foule venue s’interposer, soldats et citoyen·nes fraternisent et exécutent les généraux. Les insurgé·es prennent le contrôle de l’Hôtel de ville et organisent des élections libres et démocratiques : la Commune de Paris est née.

Pendant 72 jours, le drapeau Rouge flotte sur l’Hôtel de Ville, et les statues de l’Ancien Régime sont voilées de Noir. Les rues se couvrent de barricades, les églises s’allument la nuit pour accueillir des assemblées populaires, on organise des concerts gratuits dans la salle du Trône du Palais des Tuilleries.

Ce gouvernement populaire s’appuie sur une armée de volontaires qui élit ses officiers, la Garde Nationale. L’Assemblée Communale met en place des cantines municipales pour les plus pauvres, réquisitionne les ateliers au profit des ouvriers, sépare l’Église de l’État et met en place l’éducation laïque, gratuite et obligatoire, subventionne les théâtres et confie la gestion des Arts à une Fédération des Artistes…

Du 18 mars au 28 mai 1871, la Commune a construit une société plus libre, plus juste et plus belle. Et la République bourgeoise l’a écrasée dans le sang.

Les troupes de l’armée Versaillaise entrent dans Paris le 21 mai. Une semaine plus tard, malgré une résistance acharnée, les dernières barricades tombent. Hommes, femmes, enfants, les parisien·nes sont massacré·es par dizaines de milliers, au nom de ce qui va devenir la IIIe République.

À l’occasion des 150 ans de l’insurrection parisienne, nous souhaitons contribuer à faire revivre la mémoire de ce formidable élan populaire, et l’espoir d’un changement radical de la société.

Parce que tous les charniers de la bourgeoisie n’ont pas réussi à tuer l’idée Commune.

Rouge du sang du Peuple, son drapeau est aussi Noir du deuil de nos illusions.

Les mauvais jours finiront.

Journal Illustré de la Commune de Paris

En 1871, pendant plus de deux mois, la ville se donne un gouvernement populaire, une armée civile et démocratique, expérimente la démocratie directe, et entreprend des réformes sociales. Le Paris insurgé est aussi accueillant pour les étrangers, qu’ils soient italiens, polonais ou algériens…

À travers 40 articles illustrés d’interventions de street art, correspondant à autant d’événements que nous avons choisis pour raconter cette histoire, suivez au jour le jour le déroulement de la Commune de Paris de 1871.

L’union des femmes

Alors que les combats continuent autour d’Asnières, aujourd’hui des citoyennes ont crée l’Union de Femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. Elles ont lancé un appel aux femmes de Paris, leur enjoignant de rejoindre l’Union pour aider à défendre la ville contre l’armée monarchiste. De nombreuses femmes n’ont pas attendu la création de cette Union pour s’engager dans la Garde Nationale, comme cantinières, ambulancières ou soldats.

Les Communes de province

«Nous, citoyens de Paris, nous avons la mission d’accomplir la révolution moderne, la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illuminé l’histoire. Nous avons le devoir de lutter et de vaincre !» La Commune a adressé aujourd’hui un message de fraternité au peuple français, qu’elle espère voir se transformer en soutien concret. Isolé du reste de la France, encerclé par le gouvernement de Versailles et les troupes prussiennes, Paris a besoin de la province pour défendre sa révolution.